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LA DOMINATION

vacillait comme une voix épuisée : Antoine crut entendre cette voix.

« Puisque je n’y peux rien ! » songea-t-il avec un peu d’emportement, comme quelqu’un qui s’est déjà, plusieurs fois, expliqué.

Pourtant, la pitié l’envahissait ; accoudé à sa fenêtre et regardant la cour de la maison, il imagina cette femme qui, tout à l’heure, tandis qu’il était sorti, venait déposer sa lettre. Il la voyait entrant chez le concierge, dans cet angle de mur froid, et demandant : « Monsieur Arnault est-il chez lui ? »

La concierge avait dû répondre avec brusquerie : « Il n’est pas rentré ; il ne rentrera pas ce soir. »

Et Antoine évoquait les yeux de madame Maille, attachés sur l’épaisse et rude ménagère ; un regard qui sans doute disait : « Vous êtes heureuse, vous habitez le bas de la maison de mon ami ; vous le voyez entrer, sortir ; vous pouvez dire : il est là, ou il n’est