demeurée comme il la connaissait, attentive et gracieuse ; il sentait bien que si, pour tenter l’expérience, il lui avait dit qu’il l’aimait, elle aurait eu un visage qui ne peut comprendre, qui ne croit pas avoir bien entendu ; elle eût eu brusquement cette sévère attitude, cette juste et parfaite froideur que probablement ses aïeux lui fourniraient.
Antoine Arnault se vengeait :
« Ces jeunes femmes, pensait-il, sont faibles d’ardeur et de corps ; elles seraient de grêles maîtresses sans enthousiasme et sans emportement ; elles font bien de nous éviter ces déceptions. »
Bien qu’il n’eût plus envie de continuer des relations où il perdait de son caractère, il résolut pourtant de passer quelque temps à Venise, où la comtesse Albi possédait un palais qu’elle venait d’aller rejoindre.
« Je ne connais pas Venise, songeait Antoine Arnault, et je prévois que j’en ferai