Page:Noailles - La domination, 1905.pdf/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
LA DOMINATION

embarras intellectuel, plus attachante que les autres jeunes bavardes, étant sans patrie naturelle, et dominée par l’étranger.

Bien qu’il n’eût pour elle d’autres sentiments qu’un extrême respect, une déférence spontanée, dont il se sentait parfois humilié, il s’amusait à la regarder soigneusement, blessé et satisfait de porter un jugement sur une si délicate et noble personne ; et, sentant comme elle était grave et distante, et combien inconsciemment il la craignait, il se plaisait, tandis qu’elle lui parlait de la campagne française, à imaginer qu’il pourrait lui dire brusquement : « Je te rendrai ton pays ! »

Ainsi se trouvait-il moins contraint ensuite en présence du comte Albi.

Pourtant, un jour qu’il avait rendu visite dans la journée à la comtesse, il n’avait point trouvé chez elle la confiance qu’il attendait d’un entretien si ménagé. Elle était