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était brusque et rogue avec un visage d’une laideur qu’il semblait avoir choisie.

On s’étonnait, en lui témoignant trop d’admiration, qu’il eût lu les derniers livres illustres et visité les musées de Florence ; il apparaissait qu’on comptait sur son inculture comme sur son talent.

Il y avait encore le peintre Louis Laurent qui se taisait, madame d’Aumont, une amie frivole de Sabine, son mari, René d’Aumont, qui bénéficiait du peu de cas exagéré que sa femme faisait de lui, et puis il y avait un officier, Louis de Rozée, cousin de Sabine, grave et silencieux au milieu des autres. C’était un garçon intelligent et spirituel, mais plein des manières de sa caste et qui n’était brillant qu’à part soi, en dehors des possibilités d’échange, de contradiction et de réplique.

On était à table. Sabine, occupée à répondre aux propos de Marsan et de M. d’Aumont, ses voisins, sentait confusément, à sa tristesse intérieure, qu’il allait arriver quelque chose que sa raison ne pouvait point porter : sa séparation d’avec Jérôme.

Comme elle regardait de temps en temps le jeune