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car elle ne tenait compte aux gens que de ce qu’ils savaient tout à fait bien.

Jérôme se félicitait de la petite victoire de vanité qu’il remportait. Il était hospitalier et offrant. Tandis qu’elle s’entretenait avec Marsan, Sabine remarqua brusquement que le mot qu’elle avait écrit à Jérôme pour lui dire l’heure à laquelle elle pourrait venir était resté sur le bureau du jeune homme. Elle en éprouva du déplaisir, du plaisir… « Il aurait pu le ranger, pensa-t-elle d’abord, ne pas le laisser là négligemment. Il le garde, poursuivit-elle en pensée, il aurait pu le déchirer, ce n’était rien ; il ne veut pas le déchirer… » Et puis on s’occupa tout de même de la partition et du piano.

Sabine, en frôlant une étagère basse où des livres étaient jetés, en fit involontairement tomber un, et, le ramassant pour le remettre à sa place, elle s’aperçut que c’était un volume des vers secrets de Baudelaire. Ce fut à sa pensée une offense aiguë et délicieuse.

Il avait feuilleté, il avait lu ce livre ! Si pudique et si insensible qu’il parût, il recherchait