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Il faisait attention à la toilette que Sabine portait, il la complimentait, la suivait du regard et lui reprochait souvent les rires qu’elle avait eus avec d’autres hommes.

— Vous aimez, lui disait-il, ces gens qui vous dévisagent, vous parlent sur les épaules et vous déclarent durement que vous êtes jolie ?

— Oui, avouait-elle, mon cher, j’adore cela.

Et ils se disputaient sur tout. Ils se disputaient sur la littérature, sur la politique, sur tous leurs goûts. Ils n’avaient de commun que l’amour de la musique et des jardins.

Les soirées, chez madame de Fontenay, qui s’écoulaient autrefois en discours paisibles, criaient et brûlaient à présent. Pierre Valence y jetait la mauvaise humeur d’une liaison qui commençait à le faire souffrir et la violence de ses opinions irritables. Il entraînait Henri dans la politique, lui conseillait une campagne de candidature, lui traçait des plans, et s’impatientait, car M. de Fontenay n’était jamais pressé.

Sabine s’entendait bien avec Pierre. Elle répondait « oh ! oui, » à ce qu’il disait ; il semblait qu’elle eût longtemps porté en elle les formules