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Les soupirs de la pauvre Lespinasse font encore trembler sur la terre les mains qui tournent les pages de son livre.

» Nous avons laissé de nous au monde une odeur fine, irritante et profonde. Les robes de soie qui ont pressé nos jambes dansantes s’étalent noblement sur les divans des belles demeures. Les estampes où nous sommes représentées, tressant des guirlandes champêtres et lâchant des oiseaux de leur cage d’osier, rendent folles les âmes sensuelles. Nos chapeaux de paille et de feuilles sur nos têtes étaient plus impudiques et blessaient mieux le désir que les hanches nues des nymphes anciennes.

» Ah ! tu ne sais pas comme nous avons ri et joué dans les bosquets, au son des musettes de Rameau, par les soirs roses, cependant que Watteau, triste à cause de nous toutes, pleurait du bruit de nos jupes de soie crissante… » ____________

Sabine se réveilla tard au matin, surprise par le grincement d’une voiture s’arrêtant devant le perron.