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Elle mit de l’ordre dans sa maison. Elle se sentait précise et forte.

Ensuite, comme si la certitude de l’anéantissement possible la calmait, elle vécut quelques jours sans penser à rien, pas malheureuse, ayant tout oublié.

Mais, en se réveillant un matin, il lui apparut, d’une manière qui lui comprimait les deux poumons, que jamais plus elle ne serait heureuse, ni contente, ni même tranquille.

Elle vit que tout était fini.

Les quelques jours de torpeur douce qu’elle venait de passer avaient tout dérangé. Elle percevait les choses au travers d’une fumée lourde, inchassable, sa volonté ne se levait plus. Puisqu’elle savait que tout était fini !

Pourquoi ? Elle n’aurait pas pu le dire…

Dans sa pensée, elle voyait Philippe comme sur une route où on se sépare, et où on n’aperçoit plus celui qui s’en va que diminuant, et de dos.

Elle songeait :

« Il est retourné à eux, il ne reviendra pas. »

Pourquoi vivre ? Elle était fatiguée de tout. Elle passa une journée de folie morne, de dégoût,