Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/314

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Pauvre mademoiselle… soupira Sabine qui était accablée.

Et elle observait cette personne, sur le visage de laquelle le regard et le sourire de la bonté s’étaient usés, et dont les gestes n’étaient plus que des gestes pratiques, qui poussaient le tiroir de la commode et la petite porte du fourneau.

— Je vais vous mettre en voiture où vous allez, lui dit-elle.

Et ayant déposé mademoiselle Jacquin à l’entrée de son cours, elle revint chez elle plus lassée.

Elle flâna et se coucha ; elle avait des rêves doux et sentimentaux dont elle mourait de regret au réveil. Dans ces rêves, Philippe lui apparaissait avec une vie si proche qu’elle pouvait la toucher. Il avait pendant des heures la plus belle expression de son visage ; ils étaient, elle et lui, dans l’atmosphère qu’ils auraient choisie si on leur avait dit de choisir… Et l’entretien durait sur une sensualité d’âme si complète et si longue, qu’en songe le cœur de Sabine en défaillait.

Après cela, c’était l’affreuse tristesse du matin,