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à la torpeur, l’interrompant pour la mieux goûter, retombant en elle. Elle ne voulait rien de mieux… Le bruit d’une sonnette retentit.

« Ah ! pensa-t-elle, voilà Henri qui rentre, et puis les autres vont venir, il faut que je me lève de ce divan et que je m’habille. »

Elle se leva et descendit l’escalier, vers sa chambre. Elle croisa Henri, à qui elle donna, avec un regard tendre et bon, sa main à embrasser, et Pierre Valence, l’intime ami de son mari, l’hôte fraternel de la maison.

Elle lui dit : « Bonjour, mon cher », en riant beaucoup, comme si chaque fois qu’elle le revoyait, et c’était très souvent, elle eût éprouvé de la surprise, une camaraderie amusée à le trouver si habituel et pour elle encore étranger.

Depuis un an qu’il était de retour d’un voyage aux Indes, elle le voyait sans cesse, et ne le connaissait pas, vivant en elle-même, âpre et lasse, peu intéressée d’autrui.

Le rire lui semblait l’accueil hospitalier, la route amicale vers cet homme dont le cœur lui était indifférent.

Elle eût pourtant, s’il l’eût fallu, su définir ce