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avec cette gaieté des esprits actifs qui, ne pouvant point renoncer à de hautes occupations, s’attardent plus au contentement qu’à la peine. Le sentiment qu’il avait de la dignité d’une vie pleine et bienfaisante enlevait à sa tendresse la mièvre mélancolie de la servitude amoureuse.

À côté de la passion que lui inspirait madame de Fontenay, veillait en lui, pour elle, une indulgence infinie ; il eût libéré son amie de tout devoir et il l’eût excusée de tout agissement.

Il savait que cela du moins ne lui serait point enlevé, la puissance qu’il avait sur Sabine par cette faiblesse, par sa volonté et son intelligence, et il pensait comme Nietzsche : « La femme est innocente ; qui pourrait avoir pour elle assez d’huile et de douceur ? »

Autour de lui maintenant, dans son étroit jardin des Vosges, sa femme et son fils vivaient tranquilles. Ils s’en remettaient à lui de leur bonheur avec une abnégation touchante, comme du soin d’un traitement qui les concernait tous et où il avait plus de vues qu’eux. D’ailleurs, madame Forbier et son fils ne redoutaient plus l’attachement que Philippe avait pour madame de