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à de petites roues jaunes et rouges, et couverts de froide rosée ; de l’odeur de grains et d’eau du colombier.

Sur une pelouse, deux cèdres de l’Atlas étaient soyeux et pleins de reflets comme la fourrure des renards bleus. Au-dessus de cette pelouse, pendant le soleil de midi, des vols d’insectes légers s’élevaient et tremblaient pareils à une buée dorée.

Elle avait aimé la basse-cour, ses écuelles de maïs renversées, les petits rochers artificiels où grimpait le paon vert, si désespéré aux lentes approches de la pluie.

Elle avait mordu des roses qui devenaient alors de tendres cadavres fades et pâlissants, sucé des cailloux ronds, couleur de sucre gris et de muguet, et tenu dans ses mains des grenouilles angoissées, dont le petit cou battait ainsi que peut battre, au plus secret des corolles molles, le pouls des fleurs délicieuses.

Elle se souvenait comme à ces fins de septembre les journées étaient belles encore, là-bas, avec des baissers de soleil si suaves, si tristes et doux, de telles tendresses de l’air et de l’herbe que l’heure était émouvante et faible comme