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images. Elle goûtait presque les loisirs et le repos, elle aima dormir, flâner dans sa maison solitaire, jouer du piano. Elle recevait de Philippe des lettres ardentes et vives, mêlées de ce rire juvénile, de cette possibilité d’être attentif à tout et de se réjouir, de cet amour des choses, qui étaient si beaux sur son visage et dans sa vie.

Elle rêvait de lui doucement.

L’automne venait, vert encore et froid comme une poire savoureuse.

Elle eut, dans Paris où elle était restée par faiblesse et lassitude, une vision tourmentante de la campagne et de ses plaisirs passés.

Elle se rappelait un été de son enfance, dans le Tyrol, avec d’agrestes matins frais et chauds qui sentaient le soleil, la terre mouillée, la mousse et le cyclamen. Une nostalgie lui vint aussi de la Touraine, du jardin de son adolescence que son père avait vendu, qu’elle ne reverrait plus.

Elle se souvint des réveils, en septembre, dans la chambre fraîche, avec des guêpes gourdes mourant doucement au bas des carreaux.

Elle se souvint du verger ; des dahlias, semblables