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Cela le rendait si malade qu’il en prenait pitié de lui-même.

Elle pleurait, la figure dans ses mains. Philippe, effrayé, demanda :

— Qu’est-ce que tu as ?

Il lui ouvrait les doigts. Elle ne résista pas et abaissa ses mains qui laissèrent à découvert son visage. Elle souriait un peu, n’essayant point d’essuyer ses larmes, de cacher sa mine dévastée.

Pourquoi l’eût-elle essayé ? elle n’avait jamais rien caché à cet homme depuis vingt ans qu’elle vivait près de lui ; maintenant que, pour la première fois, elle souffrait de son mari, elle ne cherchait pas à lui cacher sa douleur qui l’abîmait, la faisait malade, laide, vieille, usée…

Qu’il la vît ainsi, elle souhaitait humblement qu’il la vît ainsi.

Et Philippe se sentait, en effet, ému à en mourir.

Sa femme était debout, elle lui parut courbée tout d’un coup, penchée d’un côté. Par habitude de la voir autrement et par tendresse brusque, il lui prit les deux bras, la tint droite devant lui ; il lui demanda, anxieux :

— Tu n’es pas souffrante ?