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Elle écoutait. Elle fit « Ah ! oui ! » comme si elle comprenait.

En réalité, rien en son être ne comprenait plus rien. Donc c’était de la femme et du fils de Philippe qu’il s’agissait…

Cette femme et ce garçon s’occupaient d’elle ! Cette pensée entrait peu à peu, en le déchirant, dans son effroyable orgueil. Elle se domina ; elle dit doucement :

— Alors, quoi faire ?

Elle aurait voulu dire :

— Qu’est-ce que cela fait ?

Philippe l’avait reprise contre lui.

— Rien, ma Sabine, il n’y a rien à faire, que de m’aimer comme moi je t’aime : d’un amour qui me fait un mal épouvantable. Le reste ne doit pas t’occuper. Le reste est pour moi.

— Mais, – reprenait-elle, tremblante, ayant horreur d’élucider une question qui la touchait aux nerfs profonds, – qu’est-ce qu’ils savent, comment ont-ils su ?

— N’y pense pas, répondait-il. Sans doute, moi, trop hanté de toi, trop heureux, trop malheureux tour à tour ; moi, devenu distrait, silencieux.