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si elle avait arraché à cet homme un fruit de la bouche pour y mordre à son tour. Sabine passait ces expressions à Henri qui les passait à Marie, à Pierre ; et Philippe était vraiment, ainsi, continuellement au milieu d’eux tous.

Marie, maintenant, s’intéressait à copier les tableaux du Louvre, Jérôme composait, Henri était toujours absent, Pierre seul, plus intelligent, eût pu s’apercevoir des sourds plaisirs de Sabine ; mais elle ne s’en occupait pas, il était de tous les êtres celui dont la perspicacité l’eût gênée le moins.


On était en avril à présent, les jours luisaient ; Philippe modelait, dans la cire couleur de miel brun, le visage et le cou de Sabine.

À la vitre de l’atelier, large et claire comme un bassin d’eau, le ciel se collait, un ciel de soir tiède : ni arbres, ni maisons n’apparaissaient. On ne voyait que ce ciel nu, doux et long.

— N’est-ce pas, disait madame de Fontenay, on pourrait le prendre pour un ciel d’Égypte ou d’Asie Mineure ? Rien, rien, du silence, de l’