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Madame de Fontenay aimait à sentir cela. Elle prenait alors des attitudes vagues et lointaines.

Elle épinglait sur sa tête son chapeau plein d’ombre, que Philippe détestait, parce qu’il lui semblait que ce chapeau la rendait aux autres, aux gens de la rue, à tous ceux qui passaient et la verraient ; et puis elle se mettait à marcher lentement le long de la table, avec des mouvements glissants, mous et onduleux, comme en ont les tanches dorées aux profondeurs des eaux limpides…

Il lui saisissait les bras.

— Ah ! Sabine bien-aimée, lui disait-il, tu es jeune, je suis plus âgé que toi. Pourquoi ne t’ai-je pas eue au moment si fort de ma vie ?…

Il disait cela, le front enfoui dans la joue et les cheveux de la jeune femme, pour étouffer ces mots qui lui faisaient à lui-même trop de mal, et comme s’il eût voulu parler seulement à la chair douce de son amie.

Mais Sabine passionnée murmurait :

— Tais-toi, il y a plus de choses dans ta mémoire que dans tout l’univers plein de soleil ;