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Il ne savait que penser de cette femme qui, de ses paroles à ses regards, de ses regards à ses gestes, faisait de la contradiction.

Ils restèrent un moment ainsi. Philippe réfléchissait, et voici que brusquement il lâcha les mains de Sabine, et, le visage baissé et têtu, ayant pris, de toute sa force, une respiration profonde et désespérée, il lui dit :

— Allez-vous-en… Pourquoi êtes-vous venue… est-ce que je vous le demandais ? Je ne vous demandais rien, c’est vous qui m’avez obligé à vous écouter, à porter votre vie empoisonnée. Est-ce que je vous demandais ce que vous aimiez et ce que vous n’aimiez pas ?… Qu’est-ce que cela me faisait vos ennuis et vos plaisirs… Vous m’étiez indifférente…

» J’avais les choses que je voulais, je ne voulais rien d’autre. Il y a un mois encore j’étais tranquille.

» Ah ! la première fois que vous êtes entrée, que vous avez parlé, j’ai vu que vous étiez dangereuse et mauvaise… Vous savez bien comment vous me regardiez avec vos yeux acharnés ; mais je vous oubliais quand vous n’étiez plus là ; je ne pensais pas à vous, je sentais obscurément que