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semblait-il, de faire autre chose, il marchait vers elle.

Elle tendit les deux mains et soupira, en riant :

— Je m’en vais, mais je suis très triste et vous ne m’avez pas dit comment on pouvait faire pour ne plus l’être.

Ils traversèrent la pièce ensemble ; maintenant Philippe était appuyé contre l’armoire de bois et il tenait Sabine devant lui. Il lui tenait durement les poignets et la regardait par moments. Elle parlait, riait avec excès, désordre et vivacité, mettant, entre eux si proches, une atmosphère rapide et changeante, qui ne permit point au silence de les surprendre, de fixer leur attente mortelle.

Elle avait peur du moment où elle n’entendrait plus sa voix à elle ; et lui, répondait à ce qu’elle disait de nombreux et de vain, forcé à cela naturellement par la netteté et l’intolérance des paroles de la jeune femme.

Elle remuait ; les mouvements de ses yeux, de son cou, de tout son être, donnaient à Philippe l’impression qu’elle était distante et libre, quoique retenue dans ses mains.