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Son existence reprenait. Quelquefois, le soir, elle se trouvait contente avec son mari, près de la cheminée, où le feu bas faisait un bruit doux et qui serpentait.

Le souvenir de la demeure de Philippe Forbier ne lui était qu’un réservoir d’énergie qu’elle employait au plaisir de sa vie domestique. Elle se passait très bien de le voir lui-même. Elle s’étonnait seulement qu’il fût si proche, habitant la même ville qu’elle, et qu’elle l’imaginât néanmoins distant, incertain et voluptueux comme ces pays qu’on n’atteint qu’après un long voyage.

Son désir était de vivre heureuse auprès d’Henri et de travailler un peu, afin que son existence fût comme la table d’étude chez Philippe Forbier, lourde et ennoblie de livres.

L’hiver, qui la fatiguait, la rendit souffrante ; elle fut assez malade pendant huit jours.

De sa main chaude, elle retenait Henri au bord de son lit, et, avec cette manie de confession et de tendresse qu’elle avait quand elle était affaiblie, elle lui ouvrait son cœur, lui