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que la première vague emplissait. Aux instants de son instruction religieuse, inventive de petites peines journalières, elle souhaitait toutes les duretés du Carmel, et elle passait ensuite des étroits ajustements de la conscience aux plus vives audaces, à toute la libération de l’être, au sentiment de l’inévitable et de l’antique fatalité.

Vers quinze ans, la rencontre qu’elle fit dans un livre de cette phrase de Spinoza : « La croyance que nous avons en notre liberté n’est que l’ignorance des mobiles qui nous font agir », l’abreuva de clarté, sembla calmer en elle un natif tourment.

Pourtant elle passa encore par des voies tortueuses, douloureuses, où sa sensibilité se reprenait à aller et revenir de la foi à l’indifférence. Et puis la paix se fit, elle ne goûta plus de la religion que ses fêtes dorées, ses odeurs gardées dans la sainte atmosphère et longeant les prodiges de la pierre et du vitrail des églises.

Avec son père instruit, subtil et raisonneur, elle parlait de tout. Elle discutait, affirmait comme on fait un serment ; elle avait toujours l’