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envoyât ses servantes chercher de l’eau à la fontaine, sous les yeux de ce père illustre.

L’automne vint ; les deux jeunes femmes ne s’asseyaient plus au jardin, avec leurs corbeilles à ouvrage. C’était fini, la saison d’été, si tendre aux créatures, quand le dehors a la température des chambres, que les allées sont comme les longs couloirs bleus et fleuris de la maison, et que la nuit des jardins est habitable, à peine moins tiède que le jour, et plus amoureuse seulement…

Mais elles étaient contentes encore. L’automne leur rapprochait le cœur, comme des mains qui cherchent à se chauffer ensemble. Elles se promenaient vite sur les routes, fraîches à leur respiration. Le soleil et de l’air bleu brillaient en haut ; il semblait que l’été se retirât en montant. Des troupeaux paissaient sur la pente ronde des collines, leurs cloches cognaient l’air et sonnaient. Les feux d’herbe brûlaient et toute la campagne avait l’odeur d’un toit qui fume. Des noix abattues, des châtaignes molles et incurvées, hors du hérisson vert des coques, couvraient les bords des chemins.

Madame de Fontenay remarquait, en marchant,