Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

ensemble de faire ce qu’elles faisaient, pour regarder la douceur de l’été et dire de ces mots vagues, isolés, détachés de la pensée complète, où le cœur secret se révèle. De temps en temps, un petit papillon violet s’en allait de la houppe d’une fleur sauvage et semblait l’âme du parfum.

Madame de Fontenay s’emplissait du rêve grave de l’autre jeune femme, était comme une sœur, entre les bras de qui toutes les pensées de l’autre couraient.

Elles se respectaient mutuellement. Madame de Rozée goûtait maintenant en Sabine l’élan et l’emportement ; elle était de ces personnes enclines à la vertu, qui pensent que l’ardeur est un don plus haut de charité humaine et ne peut s’employer qu’au bien.

La réserve qu’elles gardaient ensemble était délicate et charmante ; elles essayaient de se deviner au lieu de tout se dire, et se ménageaient à la place de se consoler.

Elles avaient des rires de jeune fille que chaque journée contente ; la nature leur paraissait familière et mystérieuse ainsi qu’elle est dans les contes, et une prune tombée de l’