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que faisaient les autres ? D’ailleurs, n’était-ce pas naturel que cette seconde femme de son père l’eût épousé probablement pour sa fortune et le nom qu’il portait.

Elle aussi, avait été vaniteuse autrefois. Cette personne ne devait pas avoir plus de défauts qu’elle n’en avait elle-même, et elle croyait les avoir tous, puisqu’elle était triste et malheureuse ; elle sentait bien que les âmes vertueuses, qui n’éprouvent ni l’envie, ni l’orgueil, ni l’éternel sentiment de soi-même, ne descendent pas à de tels abîmes de défaillance et de langueur. Elle avait vu des vieilles filles et des veuves vivre seules et durement, travailler, donner des leçons dès l’aube, avoir leurs tiroirs pleins de lettres d’amour fini et trahi, et pourtant rire, le cœur éclairé, pour du bonheur qui arrivait aux autres.

Madame de Fontenay dut se résigner à laisser Henri partir seul pour le Dauphiné où l’appelait le souci des élections, fixées au printemps prochain. Et tandis que Jérôme, Marie et sa mère s’installaient dans leur château de l’Oise, elle se disposa à rejoindre monsieur et madame de Rozée.