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elle sentait ce qu’elle avait en soi qui souffrait du médiocre et du morne journaliers.

Mais elle s’observa pourtant et modifia son caractère.

Plus de douceur l’emplissait. Elle avait de la tendresse pour Pierre, ils s’étaient fait de la peine l’un à l’autre, et elle en éprouvait des remords, d’affreux remords sentimentaux d’enfant qui s’est mis en colère, méchamment, un jour de fête, après les étrennes reçues.

Que reprochait-elle à Pierre ?

De ne pas mourir à cause d’elle, inviolable, de respirer l’air de sa vie et de sa maison sans qu’il en fût bouleversé à l’image de Werther ou de Dominique ? D’aimer Henri, qui était son vieil ami, de parler avec Marie du fond de son cœur, de ne pas s’ennuyer avec les autres, de ne pas mentir, de ne pas être fourbe, de ne pas être ingrat ?

Elle le voyait bien, c’était de la folie. Aussi ne boudait-elle plus aux parties du soir qu’on faisait tous ensemble, dans la beauté de l’été maintenant venu. Elle riait, elle riait tout le temps. On pouvait la traîner dehors, dans les cabarets près des lacs d’où montait du brouillard,