soir, ce que Pierre expliquait à Marie des théories de la régénérescence des cellules.
— Est-ce dans quinze ans, disait-elle, que cela empêchera le déclin, la vieillesse ? Non ! Alors qu’est-ce que cela nous fait ? Laissez-moi être triste…
Elle était de ces êtres, sans marge sur le désir, qui n’ont pas beaucoup de temps et qui veulent tout employer au bonheur.
— Mais il y a d’autres satisfactions, d’autres curiosités, madame, répondait Pierre, que la rêverie et la perpétuelle pensée de soi !
— Pas pour tout le monde, interrompait Sabine, je n’ai pas le sens des degrés du plaisir. Il n’y a qu’un plaisir, c’est ce qui fait mal.
Pierre la regardait, essayant de comprendre ce qu’elle pensait vraiment, ce qu’elle préméditait. Il croyait au déguisement éternel de la pensée des femmes, à la ceinture retenue sur la lettre amoureuse ou sur le poignard ; et il souffrait confusément de la sentir secrète et encline aux obscures paraboles : car elle racontait une histoire de fleurs, une histoire d’enfance pour libérer un bout de son âme.