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occupé. Elle l’aimait soucieusement, tremblait des résolutions qu’il pouvait prendre et craignait cet enfant qui était le maître.

Lui, l’aimait sèchement et aigrement, comme le permettait son âme vaniteuse et personnelle.

Quand il fut intéressé à l’opéra qu’il achevait, elle fut plus libre et put sortir avec Sabine, comme autrefois. Les deux jeunes femmes étaient heureuses ensemble, et Marie aidait, de sa gravité, sa belle-sœur à s’attendrir sur la bonté de Pierre Valence.

Madame de Fontenay avait dans son caractère obscur un peu de candeur joyeuse, par quoi les aventures qui la touchaient lui paraissaient d’abord accomplies et parfaites. Elle devait à ce sentiment le plaisir vif, vague, précipité qu’elle prenait par instant à la vie, et cette patience qu’elle avait de ne point rechercher la suite des événements et de ne rien demander de distinct à l’avenir. L’amour de Pierre la contentait. Ils allaient avec Marie visiter les musées, les églises, les vieux jardins de la ville. Quelquefois, le soir, elle restait une heure seule avec lui. Dans la pièce, éclairée à la hauteur des visages de lumière voilée, ils