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Marie s’égayait des scrupules de sa belle-sœur. Elle lui disait :

— Que veux-tu, ce n’est pas de ta faute, c’est si naturel qu’il t’aime ; comment ne t’a-t-il pas aimée plus tôt… de quoi peux-tu te tourmenter même s’il est un peu malheureux ? Tu es un beau moment dans la vie des hommes.

Mais Sabine croyait que si, que c’était de sa faute ; elle se demandait pourquoi elle avait cette manie d’imaginer qu’un homme n’aimait jamais assez une femme quand il n’en était pas amoureux, et que l’amour était la seule grande amitié de l’homme. Cela venait de ce qu’elle avait si peur des restrictions du cœur…

Pour les femmes, c’était différent. Elles pouvaient être des amies parfaites et pures, ayant en elles la source des tendresses maternelles.

D’ailleurs, Pierre avait l’air content le plus souvent. La présence de madame de Fontenay le soulageait et le réjouissait. Elle devinait que c’était plutôt loin d’elle qu’il devait être moins heureux. L’accord de leurs intelligences leur était très sensible. Lui, s’emparait des acquiescements