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et comme son inquiétude agissait toujours, elle modifia, sans qu’elle y prît garde d’abord, son attitude à l’égard de Pierre Valence. Plus de gêne et de choix dans la familiarité remplacèrent la camaraderie.

Maintenant, quand ils étaient seuls, il y avait des silences pendant lesquels le gros bouquet de violettes de Parme, écrasé dans une coupe d’eau près du divan de Sabine, paraissait exhaler son parfum intentionnellement, et l’air restait un peu phosphorescent et remué, comme si les mots qu’ils avaient dits, lui et elle, eussent eu de petits scintillements…

Alors, ils avaient l’air tous les deux d’écouter ce que disait le silence, ce que disait le destin, et ils réfléchissaient un instant absurdement, avec les yeux dans la brume des veilleurs sur les phares, et cela troublait ensuite la simplicité de l’adieu.

Ces souvenirs disparaissaient, car Pierre était distrait, mais le hasard, une discussion, l’obscure volonté de Sabine ramenaient de pareils moments.

Le jour où elle s’aperçut qu’il était amoureux d’elle, elle éprouva non pas de la joie – les ressorts