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Henri se disputait souvent avec sa femme et son ami. Il avait un singulier esprit habile et fermé. Il choisissait dans la vérité, prenait une part, repoussait l’autre, qui semblait pourtant aussi nécessaire, aussi indispensable à la vérité même. Et Sabine criait de cette mutilation de ce qui lui semblait l’absolu.

M. de Fontenay avait aussi une manie adroite et obscure de confondre la coutume avec la raison. Il aimait que les délinquants fussent, dans leur âme, coupables. C’était de la conscience atavique, un besoin de rigueur justifiable. Il se fâchait, disait à Sabine :

— Alors, toi, avec ce raisonnement contre le libre arbitre, tu pourrais commettre tous les actes ?

Et c’était des heures pour expliquer que, puisqu’elle n’avait pas la possibilité de ces actes-là dans ses nerfs et son cerveau, elle ne pouvait point les commettre et que la conscience était une des pièces de l’involontaire.

Mais lui restait convaincu que les savants et les philosophes établissaient l’irresponsabilité pour se libérer du devoir.

On ne s’entendait jamais.