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une orgueilleuse, une curieuse et une rieuse, avec des moments amers et malades.

Elle avait parlé un jour de ce caractère avec le cousin de Sabine, Louis de Rozée, et il disait que sa cousine était une de ces femmes auxquelles les hommes – il croyait que les hommes étaient naturellement tendres et malheureux – auxquelles les hommes feraient bien de ne pas s’attacher, car elle devait être sans autre ardeur que son rire et son admirable vanité.

Pour lui, il se réjouissait d’avoir su se défaire du tourment qu’elle lui avait donné, autrefois, quand elle était presque encore une petite fille. À ce moment déjà, disait-il, l’amour qu’elle sentait autour d’elle lui inspirait un contentement cruel du visage, cet air rassasié des belles bêtes.

Il trouvait que le sentiment d’être aimée, qui doit incliner la femme vers l’homme, en pitié du moins, la jetait, elle, en dehors, vers la vie, vers d’autres rêves vagues et sombres, à quoi le pauvre amoureux n’avait rien à voir.

Il disait cela avec ses anciennes rancunes.

Marie objectait qu’elle ne l’avait pas connue dans