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ayant point essayé de tromper sa conscience en se persuadant que ce mariage ne conviendrait pas à Marie. Elle sentait que mademoiselle de Fontenay pourrait être heureuse avec ce garçon qui avait de la grâce, des occupations, une vertu étroite et sèche, mais probablement exacte et fidèle ; et à elle-même il semblait encore qu’une telle union était le seul désir possible.

Un jour qu’elles se trouvaient seules, dans le salon, toutes les deux, prenant du thé :

— Marie, dit Sabine à sa belle-sœur, j’ai quelque chose à te raconter qui va te sembler très drôle. Devine qui voudrait t’épouser ?

La jeune fille fut surprise, elle leva la tête et chercha. Elle citait, après de longs efforts de réflexion, un nom, et puis un autre nom, et Sabine gentiment, l’air amusé, ayant oublié sa peine, riait, faisait, de la tête, signe que la petite se trompait.

Les tasses de thé sur la table, entre elles deux, laissaient s’en aller leur vapeur ; l’ombre et l’humidité du crépuscule entraient par la fenêtre mal refermée. On voyait le ciel, d’une longue couleur bleue encore.