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vases, – la reine des prés, les campanules, la potentille, – aurait cette obscurité, cette odeur d’ombre des pièces où l’on tient les fruits au frais en été. Elle ouvrirait un livre, elle éviterait les romans et les tragédies, elle choisirait un récit de voyage. Mais que deviendrait son repos, sa patience, si au cours de sa lecture elle imaginait trop vivement l’Espagne jaune et sèche prise entre les jeux terribles du soleil et du taureau ?

Tourment de l’imagination ! À mesure que s’évoquerait la physionomie des villes inconnues, que chanterait le nom de Tolède et de Séville, de Grenade et de Cordoue, elle se souhaiterait là-bas avec lui, au royaume de toute violence.

Dans l’arène, devant l’homme et la bête blessés, d’un cœur plus irrité que tout le cirque sanguinaire, elle se troublerait de le voir pâlir et rire au double instinct de sa faiblesse et de sa cruauté.

Sous ce climat ils goûteraient les belles alternances du chaud et du froid, de la torpeur et de l’énervement.

Brûlés de soif, ils se désaltéreraient à des boissons