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de cette voix qu’elle aimait. Et, à l’entendre, il semblait à Sabine qu’elle regoûtait cette âme prise au réseau des cordes vocales délicieuses…

Elle s’en alla, se mit au lit comme au tombeau et dormit longuement, de toute sa fatigue, de toute sa volonté, pressentant atrocement le réveil. Et quand elle fut éveillée, le lendemain, elle vit bien qu’elle ne se libérerait pas de sa passion. Elle la portait en elle, comme la femme porte l’enfant futur, dans sa chair vive, contre son cœur.

Elle se dit que l’espoir n’était pas fini ; que puisqu’elle ne mourait point, et que pourtant elle ne pouvait pas vivre sans son cousin, elle le reprendrait pour elle. Sur quoi avait-elle établi ce renoncement, ce désespoir ? Ne connaissait-elle point la faiblesse de Jérôme ?… Et pourtant, comme tout était maintenant difficile !

Ayant ouvert sa fenêtre, elle entendit un bruit de pas sur le gravier. C’était son mari et Jérôme, matinaux, qui se promenaient et parlaient ensemble. Ils parlaient ensemble ! Tandis qu’elle souffrait quelque chose de plus amer que