Page:Noailles - La Nouvelle Espérance, 1903.djvu/113

Cette page n’a pas encore été corrigée

moi je suis près de vous presque sans culture ; que suis-je pour vous ?

Et elle répondrait :

— Vous me faites plus peur que la mort…

Elle attendait qu’il parlât.

Elle s’était assise et se tenait doucement, les mains graves sur le bord du fauteuil, les yeux simples et francs, pour ne pas l’intimider.

Il lui dit :

— Vous avez toujours été bonne pour moi, je ne puis pas dire comme je suis reconnaissant, comme je vous suis reconnaissant de cette bonté… Certainement vous êtes ce que j’ai eu de meilleur dans ma vie, ma seule chance… Avant vous et Henri je n’avais pas été heureux… Maintenant je voudrais me marier.

Il ajouta plus bas :

— Quelqu’un sur qui vous avez de l’influence, mademoiselle de Fontenay…

Il attendit, il ne semblait point gêné.

Mais Sabine ne le voyait pas ; elle entendait un bourdonnement, une sonorité terribles. Il semblait qu’il lui eût crié ces paroles tout près de l’âme, dans le cerveau, au fil des nerfs et du sang.