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Elle souffrait de son mari, distrait et amusé ; et puis, elle s’endormit, de ce sommeil lucide et raisonneur qui ne délie point les tourments de l’âme, mais leur donne, dans les rêves, de plus hésitants et lointains visages.

Elle s’éveilla au matin, l’esprit tout endolori, elle essayait de ne pas se réveiller, de ne plus se réveiller, pour ne pas retrouver sa pensée qui commençait de s’éclairer, qui se levait comme l’aube grise du jour de pluie qu’il faisait. Mais l’arrêt du train, des voix vives au dehors, le bruit des portières ouvertes par où entrait l’air mouillé, l’avertirent de son arrivée. Elle s’habilla, descendit aidée d’Henri, et gagna, par le quai de la gare, la petite place de terre trempée où stationnaient quelques voitures. Contre une haie de feuillage vert, des rosiers frêles et frileux tremblaient. Les montagnes au loin étaient dures et tristes, trop rapprochées par l’atmosphère.

Sabine retrouva, sans plaisir cette fois, cette terre vive du Dauphiné, imbibée de sources sourdes à peine visibles, devinées seulement par la mouillure des herbes étendues.

Ces chemins bosselés et vallonnés, ces soulèvements