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Viendront-elles un jour, en quelque paradis,
Ces collines pour qui j’ai tant fait et tant dit,
M’apporter la chaleur du parfum de midi,

Sera-ce ma naïve et belle récompense
Que les arbres avec leurs branches qui s’avancent
Me présentent des fleurs pleines de complaisance ?

Entendrai-je le fin et patient remous
Des râteaux de l’été passant dans les cailloux
Comme des mains qui font un travail long et doux.

Aurai-je des maisons aux toits de tuiles roses,
Avec du ciel autour, qui glisse et se repose
Sur les jardins, sur les chemins, sur toutes choses…

Verrai-je, quand le jour jaune va se levant,
Sur les routes, au bord du mur blanc d’un couvent,
Passer des chariots avec des bœufs devant.