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Villes pleines d’amour où l’église et l’école
Cerclent d’un haut regard le pavé large et dur,
Où les roses d’été, passant dessus le mur,
Font sentir aux chemins la saison bénévole ;

Ô ville du raisin, de l’olive ou du blé,
Ville du forgeron d’où jaillit l’étincelle,
Ville de nonchalance où pendent aux ficelles
Les fruits secs, de piqûre et de soleil criblés,

Ville de la cerise ou ville de la pomme,
Ville des laboureurs ou bien des tisserands
Ville où le coq, la cloche et l’antique cadran
Marquent le temps des jeux, du travail et du somme ;

Villes vierges aussi, et qui joignent les mains
Près de leur cathédrale abrupte, âpre, efficace,
Et souhaitent, au clair de lune des rosaces,
Les mystiques rigueurs du moyen âge humain.