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Voir la Chine buvant aux belles porcelaines,
L’Inde jaune accroupie et fumant ses poisons,
La Suède d’argent avec ses deux saisons,
Le Maroc en arceaux, sa mosquée et ses laines.

Voir la Hollande avec ses cuivres et ses pains,
Son odeur de poisson, de jacinthe et de hêtre,
Voir des maisons, ce qui se révèle aux fenêtres
D’humains secrets errant derrière les murs peints.

Voir la sombre Allemagne et ses contes de fée,
Ses fleuves, ses géants, ses nains et ses trésors,
Et l’Italie avec ses marbres et ses ors
Qui de gloire et d’amour tient sa pourpre agrafée.

— Et puis, comme au rosaire, où chaque grain divin
Amène quelque joie ou quelques indulgences,
Vénérer chaque jour, ô mes villes de France !
Vos places, vos beffrois, vos mails et votre vin.