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— Le confiant espoir, l’allégresse naïve,
De croire que plus loin d’autres cieux, d’autres mains,
Donneront de meilleurs et plus chers lendemains
Et que le bonheur est aux lieux où l’on arrive…

Ah ! la claire arrivée, au lever du matin !
Les gares, leur odeur de soleil et d’orange,
Tout ce qui sur les quais s’emmêle et se dérange.
Ce merveilleux effort d’instable et de lointain.

— Voir le bel univers, goûter l’Espagne ocreuse,
Son tintement, sa rage et sa dévotion,
Voir riche de lumière et d’adoration,
Byzance, consolée, inerte et bienheureuse.

Voir la Grèce, debout au bleu de l’air salin,
Le Japon en vernis, et la Perse en faïence,
L’Égypte au front bandé d’orgueil et de science,
Tunis ronde et flambant d’un blanc de kaolin.