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Que vois-tu quand tu vas dansant et te poussant
De l’une à l’autre rive,
Pendant que sur le bord des flots phosphorescents
L’aube ou le soir arrive ?

Ô mer, qui d’un soupir grave et prodigieux
Portes ton cœur vivace,
Vers l’infini secret et voilé, où les cieux
T’approchent dans l’espace.

Que vois-tu, qu’entends-tu, depuis le temps lointain
De l’heure éblouissante
Où tu berçais sur toi, dans l’insigne matin,
Aphrodite naissante.

Et la mer dit : « Je vois, par les jours et les nuits,
Autour des terres rondes,
L’amour cruel et doux, pareil à moi qui suis
Le cœur mouvant du monde.