Page:Noa noa - 1901.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
NOA NOA

Par la vallée du Punaru — la grande fissure qui divise Tahiti en deux parts — on parvient au plateau de Tamanoü. De là, on peut voir le Diadème, l’oroféna, l’Aroraï, — le centre de l’Île.

On m’en avait parlé bien souvent comme d’un lieu merveilleux, et je formai le projet d’aller, seul, y passer quelques jours.

— Mais, la nuit, que feras-tu ?

— Tu seras tourmenté par les Tupapaüs !

— Il n’est pas bon d’aller déranger les Esprits de la montagne… Il faut que tu sois fou !

Je l’étais probablement, en effet, car cette inquiète sollicitude de mes amis tahitiens ne faisait que surexciter ma curiosité.

Avant l’aube, une nuit, je m’orientai donc vers l’Aroraï.

Près de deux heures durant, je pus suivre un sentier qui longeait la rivière île Punaru. Mais ensuite je fus, à plusieurs reprises, oblige de traverser la rivière. De chaque côté, les murailles de la montagne s’éleva lent, toutes droites, appuyées jusqu’au milieu de l’eau, comme sur des ? contre-forts, sur d’énormes quartiers de rochers.