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NOA NOA

beauté parfaite de cette statue vivante, j’eus la vision de la Divinité elle-même que Téhura venait d’invoquer.

Que mes mains soient à jamais maudites si elles osaient se lever sur un chef-d’œuvre de la nature !

Ainsi, nue, les yeux calmes dans les pleurs, elle me semblait revêtue du manteau de pureté jaune-orangé, du manteau jaune-orangé de Bhixu

Elle répéta :

— Il faut me battre, beaucoup me frapper, sinon tu seras courroucé longtemps et tu seras malade.

Je l’embrassai.

Et maintenant, l’aimant sans défiance et autant que je l’admirais, je murmurais en moi-même ces paroles du Bouddha : « Oui, c’est par la douceur qu’il faut vaincre la violence, par le bien, le mal, par la vérité, le mensonge. »

Cette nuit fut divine comme tant d’autres, plus que toutes les autres. — et le jour se leva radieux.

Dès la première heure, belle-maman nous apporta quelques cocos frais.

Du regard, elle interrogeait Téhura. Elle savait.

Avec un jeu très fin de physionomie, elle me dit :

— Tu as péché, hier. Tout s’est bien passé !

Je répondis :

— J’espère recommencer bientôt.