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NOA NOA

III

Vers la cime à jamais déserte et diffamée,
Où ne s’ewhale plus la féconde fumée
Du sang, vers le lieu mort ou régnèrent les Dieux
Où l’homme pria, seuls fimt les arbres pieux,
De leurs rameaux légers agités par la brise,
Un geste d’encensoir vaste qui s’éternise.
Vers le rivage ému de frissons argentés
Rit et chante, aime et dort toute une humanité
Puérile, ingénue, oublieuse, frivole,
Rayonnante au soleil, comme les vagues molle,
Et jouissant du jour tant qu’il luit. — Iméné !
Glas de la vie ! Écho du passé profane !
Chant immémorial de gaîté démentie
Par la menace de très haut appesantie !