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NOA NOA

Deux jeunes femmes, deux Tahitiennes aux beaux visages graves et naïfs, contemplent une Autre femme, de stature doucement surhumaine et portant à l’épaule un Enfant qui, d’un geste câlin, repose sa tête sur la tête de sa mère. Autour des deux têtes la divine auréole. Derrière les spectatrices aux mains jointes, se tient un ange parmi les fleurs, riche, calme, lui-même une royale fleur.

la orana, Maria, disent-elles : « Je vous salue, Marie. »

Et la nature est, toute, une prière, de suavité, de luxuriance, qui reflète le sourire de la Vierge, un sourire où s’épanouissent ensemble le plaisir et la piété, — le majestueux et le mutin de la Déesse et de la femme, telles que ces âmes naturelles peuvent à travers celle-ci concevoir celle-là, telles qu’elles les adoraient, jadis, toutes deux, dans la tendre Hina :

— la orana, Hina.

Ainsi, par la souple arabesque qui va des premiers étonnements à la compréhension, et qui comporte un état spirituel de ferveur docile et lucide, tu vois que cette œuvre, et, en elle deviné, son objet, sont, l’une, un rite de joie rhythmé de