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aux hommes. À sa mort, il fut ravi au ciel, où Vaïraümati elle-même prit rang parmi les Déesses.

Oro pourrait bien être quelque Brahmine errant ; qui apporta dans les Iles de la Réunion — quand ?… — la doctrine de Brahma (dont j’ai déjà signalé des traces dans la religion océanienne).

À la clarté de cette doctrine, le génie maorie s’éveilla. Les esprits capables de comprendre se reconnurent entre eux et s’associèrent, pour pratiquer — à l’écart, naturellement, du vulgaire — les rites ordonnée. Plus éclairés que les autres hommes de leur race, ils prirent bientôt en main le gouvernement religieux et politique des Iles, s’arrosèrent d’importantes prérogatives et fondèrent une féodalité très forte qui fut, dans l’histoire de l’Archipel, la période la plus glorieuse.

Bien qu’ils ne semblent pas avoir connu l’écriture, les Aréoïs étaient vraiment savants. Ils passaient des nuits entières à réciter, citer, mot à mot, scrupuleusement, d’antiques « Paroles des Dieux » dont le texte, maintenant fixé, ne pourrait être traduit qu’au prix d’un travail assidu de plusieurs années. Ces paroles des Dieux, dont ils étaient les dépositaires uniques, auxquelles il ne leur était permis d’ajouter que des commentaires, donnaient aux Aréoïs la sécurité {d’un centre intellectuel, l’habitude de la méditation, l’autorité d’une mission