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nuera d’être : c’est donc, avec nécessité, qu’éternellement en présence l’Esprit et la Matière, la lumière et l’objet qu’elle s’est déjà réjouie d’éclairer, seront sollicités par le désir mutuel d’une nouvelle union, d’où naitra un nouvel « état » de l’évolution infinie de la vie.

L’évolution !… L’unité de substance !… Qui se fût attendu à rencontrer, dans la pensée de ci-devant cannibales, les témoignages d’une si haute culture ? J’ai pourtant conscience de ne rien ajoutera la vérité.

Il est vrai que Téhura ne se doutait guère de ces abstractions ; elle s’obstinait à voir dans les étoiles filantes des tupapaüs errants, des génies en détresse. Dans le même esprit que ses ancêtres, et comme ceux-ci pensaient que le ciel est Taaroa en personne, que les Atuas nés de Taaroa sont à la fois des-Dieux Dieux et des corps célestes, elle attribuait aux étoiles la sensibilité humaine. Je ne sais en quoi ces imaginations poétiques gêneraient la progrès de la science la plus positive. Je ne sais jusqu’à quel point la science la plus élevée les réprouverait…

À d’autres points de vue, et pour en finir avec le dialogue de Téfatou et d’Hina, il serait susceptible d’autres interprétations. — Le conseil de la lune, qui est femme, serait le conseil dangereux de la pitié aveugle, de la faiblesse sentimentale : la lune et les femmes, expressions (dans la conception maorie) de la matière, ignoreraient que la mort seule garde les secrets de