Page:Noa noa - 1901.djvu/161

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
NOA NOA

V

Fête à Hina la bienveillante et la bonne ! Fête à Hina de la vie et de l’amour !

Sous les ramures du manguier vaste qui masque l’ouverture de la grande ravine — aux deux bords s’étage l’Île, forêts et puis jardins et le rivage — les jeunes hommes, aux doigts le vivo, se sont assis.

Au dessus, les hauts lieux menaçants tonnent, où Taaroa veille.

Par groupes, devant les jeunes hommes et là même où fut, splendeur de nuit des temps, l’image en pierre sculptée, gigantesque, d’Hina, — par groupes, immobiles, sans vêtements, le bronze de la peau luisant, et les yeux, aux dernières lueurs du crépuscule, — se tiennent les jeunes filles.

Et tous, en attente, les jeunes hommes, les jeunes filles, se taisent, religieusement.

Soudain, au cri clair d’une voix de femme d’abord, que tôt poursuivent les notes aiguës du vivo, les danseuses s’abandonnent au jeu sacerdotal de la danse d’amour. Elles s’abandonnent, les danseuses, en chantant, et la Déesse, qui se plaît à