Page:Noa noa - 1901.djvu/156

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
NOA NOA

III

Douceurs, violences, gravités, caprices, tant de fois à la fois changeante, et toujours la même : elle à ses raisons.

C’est l’harmonie, contrastée et constante, de la fraîcheur abandonnée de la vie au matin charmant, et des précautions et des terreurs dont le soir plein de menaces veut être accueilli.

C’est la pirogue, sur les vagues, montant et redescendant sans cesse, avec une élégance parfaite jusqu’en ses évolutions les plus vites.

C’est le sage, c’est l’humain rire, car il n’est jamais loin des larmes, d’un enfant.

C’est le jeu, assujetti à la logique des vents — mais nous ignorons leurs lois — de l’ombre longue, souple et déliée des rameaux du pandanus, de l’ombre pyramidale et plane des fougères légères, sur le gazon indéfiniment bercé, dans ce jeu atténué, de la nuit au jour.

C’est le temps, aux approches de l’éternité, concevant le désir des multiples actions simultanées, essentielles, et qui évanouit, épris du Toujours, aux ardentes couleurs de la Passion, car elle est impérieusement Présente.