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gistrats leur récitent le Code Napoléon ; et les arbitres de élégance leur montrent à porter des faux-cols, des gants, des habits, des corsets, des robes.

Les Maories écoutent, subissent les nouveaux maîtres, et semblent leur obéir. Mais dans ces yeux résignés persiste, invincible, le rêve vers Matamua, et chaque jour, par nombreuses théories nostalgiques, les Maories s’en vont là bas où sont les aïeux, dans la main de ténèbres des Dieux reniés, des Dieux qui se contentaient, jadis, de quelques gouttes de sang, et qui prendront tous, maintenant qu’on leur refuse tout.

Car la race entière périra pour avoir transgressé le serment des Mères.

Non, les missionnaires n’ont pas conquis au Christ l’âme maorie. Ils l’ont seulement, cette âme, amollie et troublée, et, chez les femmes leur influence, plus active que sur les hommes, a eu le singulier effet d’exalter, aux dépens du rude et bon roi de la Terre, leur culte pour la divinité féminine, Hina, la Lune, la déesse du mensonge et de la pitié. C’est à Hina que le plus volontiers elles l’ont les honneurs du passé, en des fêtes au clair de la lune, célébrées par les baisers, les chants et les danses, et cette légende :

Hina disait à Téfatou :

— Faites revivre l’homme quand il sera mort.